Assemblée générale Phytofar 2021 — Chaîne alimentaire végétale et changement climatique : tous les espoirs reposent-ils sur la technologie ?
L’assemblée générale de Phytofar, qui célébrait également les 80 ans d’existence de l’association, s’est tenue ce 23 novembre 2021 à Technopolis, Malines. Les 70 participants étaient heureux de se revoir après une longue période passée derrière les écrans et de discuter des défis auxquels le secteur de la protection des plantes, comme tant d’autres, est confronté. L'événement a également pu être suivi en ligne (60 followers). Le thème de cette année : "Chaîne alimentaire végétale et changement climatique : tous les espoirs reposent-ils sur la technologie ? " Tout un programme pour une soirée enrichissante !
Le président Martin Van Gheluwe (Syngenta) a été clair dans son discours de bienvenue : « La crise climatique nous place devant d'énormes défis, mais nous devons les affronter sans crainte et avec confiance. Tout le monde, agriculteurs, fournisseurs et gouvernement, doit regarder dans la même direction et avoir les mêmes objectifs en tête - une production alimentaire durable et résiliente en Belgique et en Europe. Chacun, avec sa propre expertise, peut contribuer aux solutions. »
Dans sa présentation, Professeur Olivier Honnay, biologiste de la conservation à la KULeuven, a partagé sa vision sur les possibilités de rendre le système alimentaire mondial climatiquement neutre. En théorie, c'est réalisable, grâce à la combinaison de plusieurs mesures. Les solutions les plus importantes sont l'intensification durable (plus de production sur la même surface, surtout dans les pays à faibles revenus) et la réduction de la consommation de viande, ce qui permettra de libérer de la surface agricole qui pourra être ensuite reboisée.
Vous pouvez trouver les réponses des questions qui n’ont pas été traitées pendant l’évènement, ici.
Lors du débat qui a suivi, sur le thème "Chaîne alimentaire végétale et changement climatique : tous les espoirs reposent-ils sur la technologie ?", les intervenants et les membres du public ont développé leur vision d’une agriculture contribuant à l’atténuation de la crise climatique.
La professeure Anne Legrève (UCLouvain) constate tous les jours les conséquences du changement climatique. Que ce soit dans l'environnement, dans les plantes elles-mêmes mais également au niveau des ravageurs et des maladies des plantes. La recherche scientifique reste cruciale pour comprendre pleinement ces changements et pour mettre au point diverses techniques innovantes (agriculture de précision, sélection, nouveaux produits de protection des cultures) qui permettront d'assurer une sécurité alimentaire durable.
Selon Kristiaan Van Laecke (ILVO/Seed@bel), il ne sera pas facile de développer des plantes mieux adaptées au changement climatique à court terme (d’ici 2030). Les traitements traditionnels, à eux-seuls, n’y parviendront pas. Il est donc urgent de développer une réglementation européenne pour les nouvelles techniques afin d'aller de l'avant.
Marc Sneyders (Bayer CropScience) voit également les défis du changement climatique : les maladies et les ravageurs arrivent plus tôt ou plus tard et sont plus forts. Le fait que les agriculteurs n’ont plus accès à de nombreux produits de protection des cultures augmente les risques pour les cultures. Il voit beaucoup d'avantages d’une bonne collaboration entre les agriculteurs et les entrepreneurs, afin de partager les frais et pouvoir investir dans les toutes dernières techniques.
Selon Geert Plaetinck (Syngenta Ghent Innovation Center), la politique et la société formulent des demandes contradictoires : il faut plus de durabilité et pourtant il existe une certaine technophobie. Une telle antinomie freine l'innovation. Il plaide donc pour la liberté d'innovation et un savant mélange d'agriculture de précision et de biocontrôle. La pression temporelle exercée par le Green Deal pourrait avoir un effet stimulant à cet égard.
Anne-Catherine Dalcq du CEJA représente les jeunes agriculteurs européens qui diffèrent par la diversité de leurs exploitations et de leurs systèmes agricoles, mais se retrouvent dans un cadre politique et économique commun. Elle souligne les nombreuse nouvelles règles imposées par la politique agricole européenne qui obligent, par exemple, les jeunes agriculteurs à chercher des budgets supplémentaires pour acquérir de nouvelles technologies. Elle craint également la disparition d'un certain nombre de produits phytosanitaires, ce qui tendra à faire disparaître certaines cultures, telles que la chicorée, sur nos territoires.
Eric Demaeght avec l'enVie Atelier, se concentre sur la réduction du gaspillage alimentaire par la fabrication de soupes à partir des surplus de stocks. Il compte également sur un changement de comportement des consommateurs, car ceux-ci doivent être prêts à payer un prix équitable pour des aliments durables.
Oui, les agriculteurs doivent continuer à être soutenus et formés pour exercer leur passion, fournir des aliments de qualité, le mieux possible. Oui, nous avons besoin d'une recherche continue pour mettre sur le marché des produits plus durables pour lutter contre les ravageurs et les maladies. Oui, nous devons oser envisager des techniques innovantes pour adapter nos cultures au changement climatique. Mais tout le monde semble certain qu'avec un esprit ouvert et un engagement de chacun, les défis ne sont pas insurmontables.
Le Ministre fédéral de l'Agriculture, David Clarinval, par la voix de son représentant Pierrick Walravens, a fait appel au sens de l'innovation de chacun pour atteindre un triple objectif : l'agriculture de demain doit pouvoir compter sur des produits phytosanitaires efficaces, respectueux de l'environnement et économiquement durables.
Peter Jaeken, Secrétaire général de Phytofar, a clôturé la soirée avec un sentiment positif sur l'anniversaire de Phytofar. "En cette étrange mais passionnante année corona 2020-2021, Phytofar a renouvelé son engagement à aider, à trouver et à communiquer des solutions durables pour l'agriculture. Déjà en 1941, les premiers pionniers se réunissaient pour travailler et chercher des solutions ensemble. Phytofar, c'est VOUS, nos membres, des personnes passionnées d'agriculture, de plantes, d'innovation ! Il y a encore beaucoup de travail à accomplir, pour nous et pour toute la chaîne agroalimentaire, mais je suis heureux de relever les défis avec vous et mon équipe enthousiaste."
Le gâteau a marqué la fin de la séance.