Assemblée générale Belplant 2023 : La Règlementation sur l’utilisation durable (SUR) est-elle apte à réconcilier l’agriculture, la biodiversité et le changement climatique?
Le 16 mai 2023, l'Assemblée générale de Belplant s'est tenue à la Citadelle de Namur. Le thème de cette année, "Le règlement sur l’utilisation durable permet-il de concilier l'agriculture, la biodiversité et le changement climatique ?", a offert une soirée intéressante aux 140 participants présents sur place et en ligne.
De la ferme à la table
Avec son ambitieux "Pacte Vert" et la stratégie "de la ferme à la table" qui l'accompagne, la Commission européenne tient à devenir la référence mondiale pour une agriculture plus durable, plus neutre sur le plan climatique et plus riche en biodiversité. Le projet de la nouvelle réglementation sur « l'utilisation durable des produits de protection des plantes » ou « SUR » vise principalement à réduire l'utilisation et les risques liés aux produits phytopharmaceutiques et à généraliser l'application de la lutte intégrée. L’Europe voudrait utiliser à plus grande échelle les nouvelles technologies, comme l’agriculture de précision.
Assemblée générale
Au cours de l'assemblée générale, plusieurs intervenants ont fait part de leur point de vue sur la meilleure façon d'atteindre les objectifs de la SUR/du Pacte Vert.
Par l'innovation, par exemple, et une gestion politique stable. L'accès rapide à l'innovation agricole contribuera non seulement à la transition vers une agriculture durable, mais aussi à la réalisation de l'objectif européen d'une plus grande résilience des systèmes alimentaires.
Le président, Sylvain Moissonnier, précise : « Les agriculteurs en Europe doivent disposer de la boîte à outils la plus large possible pour protéger leurs cultures. En moyenne, il faut compter 12 ans pour qu'une innovation agricole arrive sur le marché. La pression exercée par les ravageurs ou les maladies est permanente, année après année. On ne peut tout simplement pas laisser les agriculteurs sans solution le temps qu'une innovation appropriée émerge. L'innovation agricole a besoin d'un cadre réglementaire solide et un système opérationnel efficace et performant, qui prenne en compte l'innovation et apporte des solutions opportunes sur le marché. »
Concrètement ? Diminuer les risques des solutions de protection des plantes tout en assurant la sécurité alimentaire de toutes et tous ne sera possible que par l’innovation. Les technologies numériques modernes telles que l'imagerie par satellite, les capteurs de terrain et l'intelligence artificielle, constituent un élément essentiel de l'approche intégrée que nous préconisons. C’est pourquoi, d’ici 2030, le secteur européen de la protection des plantes s’est engagé à investir 10 milliards dans l’innovation et 4 milliards dans le développement des produits de protection des plantes d’origine naturelle. À ce jour, le secteur a déjà investi 44 % de cet engagement sur les produits de protection des plantes d’origine naturelle, soit 1,8 milliard d’euros. De plus, en matière d'économie circulaire, la Belgique est leader ! Depuis 1997, AgriRecover collecte les emballages plastiques vides de produits phytosanitaires, avec un taux de collecte de 90 % ! De nombreux pays européens peuvent et vont s'en inspirer.
Le Ministre fédéral de l’Agriculture, David Clarinval, a rappelé fermement que les agriculteurs sont des acteurs de la solution et qu’ils jouent déjà depuis des années un rôle important dans la transition écologique. « Pour compléter la boîte à outils, il faut stimuler la recherche d’alternatives durables et efficaces. Les législations doivent être ambitieuses mais réalistes car il est également question de souveraineté alimentaire. ».
Dany Bylemans de pcfruit nous a donné de nombreux exemples de l’usage des produits de protection des plantes en fruiticulture. Il a fait part des défis auxquels les chercheurs sont confrontés pour éliminer les insectes nocifs, tout en préservant les insectes utiles et en garantissant un prix correct pour les producteurs. « Nous devons mieux communiquer avec les consommateurs qui n’acceptent aucun risque, même si ceux-ci ont été incroyablement réduits au cours des années. ».
Sylvie Meekers de Canopea présentait la vision de plus de 130 ONG. Elle souhaite plus de transparence concernant les différents produits de protection des plantes utilisés par les agriculteurs et les particuliers pour clarifier la présence des substances actives dans les foyers et les eaux de surface. « We agree to disagree. Mais nous sommes contents d’avoir reçu la possibilité d’exprimer nos inquiétudes concernant les produits phytosanitaires. ».
La SUR est-elle apte ?
Qu’en est-il de la réponse à la question « La SUR est-elle apte à réconcilier l’agriculture, la biodiversité et le changement climatique ? » Le Secrétaire général de Belplant, Peter Jaeken, de conclure que « Belplant adhère pleinement aux objectifs généraux du Pacte Vert et nous nous engageons à atteindre 3 grands objectifs d’ici 2030 : l’Innovation, l’Economie circulaire, la Protection des personnes et de la planète. Ces engagements aideront les agriculteurs et leur fourniront plus de solutions disponibles dans leur boîte à outils. Laissez-nous juste le temps d'opérer le changement ; 2030, c'est demain ! Nous demandons à l'Europe d'investir davantage pour rendre les procédures d’autorisation plus efficaces. Pas plus laxistes, mais plus efficaces. Tout le monde en profitera, que ce soit les agriculteurs, le secteur, la biodiversité et le climat. »